YACHT FRANCE – MAI 2009 N°126

VanDutch 40 – Naviguer autrement 

 

Ses formes épurées et son profil très tendance lui ont déjà assuré un succès en Méditerranée. Sa carène, dessinée par Franck Mulder, se sent parfaitement à l’aise sur les eaux parfois clapoteuse du Sud. Le VanDutch 40, Hollandais volant très design, glisse à peu près de 38 noeuds avec une belle assurance. 

 

Vanguard Dutch Marine est une marque hollandaise récente (2008), dirigée par trois passionnés de voile pour qui bateau rime obligatoirement avec qualité de fabrication, performance et design. Ils ont, d’entrée, mis la barre haut en faisant appel au talent de l’architecte designer Franck Mulder qui ne s’est pas fait prier pour créer une unité destinée à une clientèle épicurienne souhaitant naviguer «autrement». Pour elle, le bateau reste avant tout un plaisir et les sorties se font plutôt par beau temps d'où le concept de pur open avec un cockpit dédié au farniente. Mais disposer d’aménagements intérieurs confortables et d’une coque marine ne fait que rajouter à ce plaisir. 

Origines hollandaises obligent, le VanDutch est construit avec soin selon le principe d’infusion avec des fibres de polyester et de Kevlar pour les renforts. Il se veut donc robuste. Ce que nous constaterons de visu, c’est la qualité du gel coat, des pièces d’accastillage et de l’équipement en général. Avec VanDutch, le label «Made in Holland» est sauf. Autre exemple concernant le tissu des coussins extérieurs : non seulement son aspect est flatteur, mais il a été conçu pour résister aux U.V et aux intempéries les plus dures, un avantage pour un modèle open qui n’est pas nécessairement protégé en permanence par un taud ou un bimini. Vu de loin, le VanDutch donne l’impression d’être garni de teck, de la proue à la poupe en passant par le cockpit. En fait, il s’agit d’un revêtement synthétique qui limite assez bien le bois exotique et dont l’entretien est réduit. Dernier atout : ce matériau existe en plusieurs teintes plus ou moins foncées. A propos des couleurs, le VanDutch n’en manque pas, le nuancier du gel coat restant l’un des plus variés de la profession. Haut de franc-bord, de type «flush deck» et dénué de balcon disgracieux, cet open séduit les puristes; Même les taquets sont rétractables afin de rester les plus discrets lorsqu’ils ne sont pas «en action».

Avec son étrave droite finement tronquée, le VanDutch a une allure de conquérant, un trait de caractère qu’il revendique non sans raison. Son V très pincé à l’avant s’élargit ensuite très vite pour offrir de la portance. De chaque bord, le bouchain, nettement marqué, court de l’étrave au tableau arrière. Tout en stabilisant le bateau, il rabat la parabole de la vague d’étrave ce qui évite les embruns indésirables. Encore une fois l’auteur de cette carène, Franck Mulder, a de l’expérience. Il est à l’origine, entre autres, de Moonraker et d’Octopussy. Nous avons testé deux versions de motorisation. Avec le minimum de puissance, soit 2 x 260 ch diesels Yanmar, le VanDutch se révèle agréable et attaque le capot sans la moindre crainte. Les passages dans les vagues de font la plupart du temps très en douceur. Ni trop vif, ni trop mou, le bateau reste parallèle à la surface de l’eau, mais conserve un comportement de carène hydroplanante. Avec 2 x 480 ch Yanmar, soit un poids supplémentaire placé sur l’arrière, les engins étant accouplés à des V-drive, le VanDutch lève son nez au déjaugeage et adopte ensuite une assiette aérienne sur le premier tiers. Quatorze secondes lui sont nécessaires pour passer de 0 à 30 noeuds. Le couple des Yanmar ne s’exprime qu’à partir de 1750 tr/mn avec une force étonnante. On ne l’arrête plus. Le chantier a enregistré une performance à 40 noeuds avec une coque immaculée sur une mer tout à fait calme. Lors de notre essai sur une mer creusée (force 3 à 4), le GPS afficha 38 noeuds avec un modèle dont la carène aurait eu besoin d’un «toilettage». L’allure de croisière idéale est de 30 noeuds à 2500 tr/mn et la consommation totale est alors de 90 l/h, soit une autonomie de 200 miles. Ce qui est suffisant pour ce type de bateau que l’on verra le plus souvent le long des côtes ou amarré dans des criques célèbres comme Pampelonne. Ses qualités marines, cependant, l’autorisent à s’aventurer plus loin. Ainsi une traversée continent-Corse est largement à sa portée. 

Cet open offre un cockpit assez vaste puisqu’il couvre les deux tiers de la longueur totale. A l’arrière, un vaste solarium donne le ton. Sur tribord, au centre, nous trouvons une banquette confortable et une table réglable en hauteur avec, au centre du plateau, des empreintes pour les verres et les canettes de soda. Dans sa version standard, le VanDutch ne se prête pas aux agape. On peut imagier en opion une table plus grande dans le cockpit est un meuble cuisine plus élaboré dans la cabine avant afin de servir des repas d’un bon niveau. Cette dernière, décorée avec une simplicité toute nordique, comporte un carré en V qui se transforme en lit double. Sur bâbord, une porte s’ouvre sur le coin douche et toilettes. On comprend aussitôt que si la croisière est au programme de ce 40’, c’est dans une version très simplifiée : deux personnes désirant occasionnellement passer une nuit au mouillage. Le chantier devrait sortir en 2011 un modèle de 50 pieds avec trois cabines qui reprendra trait pour trait le profil du 40 pieds. Mais, dans ce créneau, la concurrence est plus incisive, ce que VanDutch n’ignore pas, mais il reste confiant. 

 

Coque Open étrave droite Vandutch 40 : Rendons à César ce qui est à César, le premier à avoir dessiné un open aux formes révolutionnaires est bien Luca Bassani avec son Wally Power Tender. La fameuse étrave droite, qui nous vient du design de la voile, a été vite copiée et à de maintes reprises. Aujourd’hui donc, les opens sportifs possèdent souvent cette étrave conquérante qui fend l’eau comme une épée dans le cas des coques à semi déplacement ou qui survole l’eau lorsqu’il s’agit d’une carène hydroplanante. Tout le reste est à l’avenant : un pont généralement «flush deck», un hard-top au style avant-gardiste et un aménagement de cockpit minimaliste. Pour ce genre de bateau, le design est une priorité. Son propriétaire se sent presque détendeur d’un modèle unique. En tous les cas, il est sûr de paraître. Le VanDutch 40 appartient à cette génération d’opens au style très pur qui éveillent les passions.